Photographe de la rue
Alexander Petrosyan photographie dans les rues de Saint-Pétersbourg. Avec un style qui lui est propre il réalise des images où, si l’incongru côtoie la décadence, la tendresse le grotesque, il y a surtout toujours une note poétique qui défie les styles habituels de ce genre de pratique photographique.
Là où l'on pourrait s'attendre à rencontrer un ensemble de clichés sans surprise, se révèle une œuvre singulière. C’est aussi une exploration des genres tels que le portrait ou le paysage dans lesquels le facétieux l’emporte souvent sur une simple dénonciation de faits sociaux.
Dans les années 2000 Petrosyan quitte toute activités de photographe commercial pour ne pratiquer plus que la photographie de rue, pour redevenir une sorte d’amateur, dit-il. Vite dit cependant, car l’homme marque une habile frontière entre la photographie de rue et la pure photographie documentaire. Au document témoin d’un épisode il préfère le témoignage amusé d’une rencontre. L’essentiel se niche souvent dans ce qui semble insignifiant !
Petrosyan ne cherche jamais à illustrer une histoire, une narration préétablie, à en souligner les moments-clés. Loin d’une photographie cérébrale donc, il part toujours de ce qu’il voit, sans calculer ni simuler les scènes à l’avance. Et il est toujours là quand dans la scène qui lui fait face se produit soudainement une chose inopportune, de travers, un micro événement souvent malvenu. Et si l’on rit ou sourit parfois, souvent, devant ses images, il n’est jamais moqueur des personnes qu’il saisit. Mais il se veut proche d’une réalité russe où, à l’entendre, les repères changent vite, où le tragi-comique semble constituer le quotidien, où la différence entre la normalité et la folie est parfois extrêmement ténue.